Chacun commence à sentir confusément que notre époque est une situation qui met l’humanité devant des défis nouveaux qui sont souvent présentés comme insurmontables : des besoins alimentaires encore fortement croissant pour au moins 30 à 40 ans ; des surfaces disponibles qui ne croîtront plus ; des exigences croissantes de protection de l’environnement ; la fin des ressources d’énergie de stocks ; le changement climatique provoqué par les populations et les développements humains ; une mutation socio-épistémo-technique qui transforme la relation des humains à leur environnement. L’agriculture a dans ce contexte un rôle fondamental car elle est : i) la base incontournable de la vie humaine ; ii) dès son origine, le fondement des civilisations et de l’émergence des vies citadines ; iii) critiquée pour ses effets sur l’environnement et en même temps reconnue comme fondement des territoires ; iv) un élément de réponse important, et dans certains cas premier, des défis décrits ci-dessus. Les agro-équipements de manière générale, et toutes les nouvelles technologies qui sont en train de provoquer la troisième révolution industrielle, seront aussi à la base de la nouvelle révolution agricole qui se dessine. La formation des acteurs agricoles à des technologies qui nécessitent souvent de réelles ruptures dans les pratiques et gestes professionnels constitue ainsi un élément déterminant pour que le potentiel des innovations se réalise pleinement. A ce propos, l’Union Européenne identifie l’agriculture de précision parmi les 10 technologies qui pourraient changer nos vies1, tout en reconnaissant que leur déploiement nécessite un haut niveau de formation des agriculteurs à assurer par des programmes dédiés2. Une plus large implication des agriculteurs dans la démarche de l’innovation, à soutenir avec un accompagnement en adéquation à leurs besoins et aux conditions d’usages des agroéquipements, sont aussi objet des attentes et des priorités identifiées par un collectif d’associations agricoles 3 et l’un des leviers identifiés pour la transition agroécologique4. Enfin, les agroéquipementiers recommandent également de renforcer les compétences et les moyens du secteur, notamment de rapprocher la formation des besoins5. C’est donc un enjeu fondamental pour l’enseignement supérieur et pour la recherche d’accompagner les acteurs des filières (agriculteurs, ingénieurs, techniciens, conseillers, …) dans l’appropriation de ces changements et dans le développement des attitudes et compétences propices à l’innovation6. La formation émerge ainsi clairement comme le carrefour entre les initiatives des différents acteurs du secteur des agroéquipements. Cependant, on constate l’éloignement géographique entre les centres de formation et les industries, à l’exception de l’Institut Polytechnique UniLaSalle, stratégiquement situé à proximité de lieux à forte intensité industrielle7. C’est dans ce sens que la Chaire Agro-Machinisme et Nouvelles Technologies a été créée au sein d’UniLaSalle : pour accompagner, soutenir, et provoquer des recherches dans tous les domaines agro-techniques qui permettront de répondre aux défis de l’agriculture actuelle et du futur. De plus la chaire se doit de promouvoir la formation d’ingénieurs ouverts aux agroéquipements, en comprenant les enjeux et capables d’accompagner des développements répondant aux besoins.