L'article s'appuie sur le cadre théorico-méthodologique de la socio-clinique institutionnelle, pour proposer de porter un regard extérieur, brésilien, sur la réalité française afin d'expliciter la place de la formation interpro-fessionnelle dans le processus d'universitarisation des formations paramédicales en France. La démarche a consisté à observer des activités de formation interprofessionnelle et à mener des entretiens semi-directifs auprès de sujets concernés (formateurs, étudiants et professionnels de santé). Dans les formations à l'interprofessionnalité, on observe l'intégration d'outils technologiques, en particulier la simulation et l'usage de plateforme e-learning. L'analyse montre que le processus d'universitarisation de la formation, qui intègre les directives visant à introduire l'interpro-fessionnalité, est traversé par une fragmentation des pratiques, des questionnements sur les limites de chaque champ professionnel, un faible accompagnement des formateurs pendant le changement, une flexibilisation du marché du travail et d'autres tensions relevant des différences entre professions de santé. Malgré ces difficultés de nature insti-tutionnelle, certains petits groupes interprofessionnels qui parviennent à construire des pratiques plus transversales et à développer une meilleure communication en leur sein, peuvent être considérés comme instituants. L'article en témoigne en nourrissant l'analyse de l'expérience brésilienne de la «résidence multiprofessionnelle en santé».