La production d’informations extra-financière connait un essor depuis quelques années. Le Reporting Extra-Financier (REF) est présenté dans le cadre réglementaire et normatif (DPEF, GRI, IIRC…) comme un « outil de pilotage stratégique » des enjeux extra-financiers. Cette recherche questionnera cette assertion et plus particulièrement la capacité du REF à intégrer les enjeux extra-financiers dans la stratégie de l’entreprise. Nous mobiliserons l’approche structurationniste pour montrer que le REF présente une forme de dualité. Cet instrument de gestion va permettre l’intégration des enjeux extra-financiers dans la stratégie mais ce faisant dégrader sa capacité de pilotage ainsi que la « cohérence instrumentale ». Alors que les thèses pragmatistes invitent à appréhender l’outil de gestion comme dissocié de son schème d’interprétation, nous verrons que le REF est orienté vers un schème institutionalisé s’appuyant sur des structures de signification, domination et légitimation (propriétés structurelles) favorisant une approche représentationaliste du REF. Différents éléments connexes au REF comme les audits extra-financiers, orientent l’instrument de gestion vers la résolution d’un problème d’asymétrie d’information plutôt qu’un outil de pilotage. Les informations extra-financières sont ainsi appréhendées comme un moyen de refléter le niveau de responsabilité de l’entreprise et de ses pratiques. Plutôt qu’être des outils au service de l’action, les indicateurs sont utilisés comme instruments de représentation et de contrôle. Ils sont construits pour refléter le réel afin de permettre à une personne externe (à l’activité) d’évaluer le niveau de responsabilité de l’entreprise. Le dispositif présente une dualité en permettant d’une part l’action des acteurs mais en les contraignant de l’autre dans l’atteinte de leur objectif de pilotage. Enfin en montrant que l’instrument de gestion est rattaché à un schème d’utilisation institutionnalisé, notre recherche interroge la réflexivité des acteurs postulée par Giddens.