Des années 1770 aux années 1850, la Villa de Diomède constitue le point crucial de la visite de Pompéi, étant présentée comme la plus belle demeure du site. Sa position privilégiée, aux abords immédiats de l’entrée nord où se garaient les carrosses, favorise un fort impact sur les visiteurs. La villa commence à perdre de son pouvoir d’attraction au fur et à mesure que les découvertes de maisons se multiplient au cours du XIXe siècle, permettant d’observer des architectures moins érodées et des décors plus « frais ». En outre, l’aménagement d’une nouvelle porte à l’ouest de la ville, auprès de la Porta Marina, à la fin des années 1840, conditionne un nouvel itinéraire et tend à isoler désormais la villa des parcours de visite . Une telle évolution contribue largement à l’originalité du monument. Car sa période de gloire, si l’on peut dire, correspond au plein développement du « Grand Tour » en Italie, dont la villa constitue une étape essentielle. Devenue un lieu de mémoire incontournable, elle concentre le désir de découverte des voyageurs et des artistes, toujours plus nombreux à Pompéi dans le courant du XIXe siècle. Cette confrontation a nourri un corpus considérable d’écrits et d’images, la Villa de Diomède étant l’édifice pompéien le plus abondamment décrit et représenté. Dans le cadre de ce projet, la documentation ancienne consacrée à la villa, qu’elle soit graphique ou photographique, a été collectée et environ 570 pièces ont été réunies dans une base de données spécifique . Ce chapitre présente les principales tendances qui se dégagent de ce corpus important. Issues de fonds très variés et dispersés, les archives font de la Villa de Diomède un véritable monument palimpseste. En effet, les représentations successives que la villa a suscitées constituent autant de calques, de tentatives de reproduction, mais aussi nécessairement de filtres, témoignant d’une perception individuelle à un moment donné. Leur analyse permet de suivre l’évolution de la villa et ainsi, au-delà de sa fabrique physique, la fabrique imaginaire qu’elle a générée, au fil des années et des parcours de visite.