La prolifération des traces géonumériques fait émerger diverses promesses et attentes pour l’étude des dynamiques territoriales, en particulier celles des villes touristiques. Ces traces permettraient d’observer les pratiques spatiales des visiteurs et pallieraient le manque d’informations sur ces dernières à l’échelle urbaine. Ainsi, de nombreuses études utilisent les données issues de réseaux sociaux pour étudier l’espace touristique selon différentes mailles géographiques. Ces études proposent plusieurs types de visualisations à partir de ces données, permettant ainsi de représenter et donner à voir un espace-temps touristique prétendument inédit : de la carte de chaleur au tableau de bord, les traces sont présentées traitées, agrégées, calculées, lissées. Toutes ces transformations sont souvent peu transparentes, résultant de boites noires algorithmiques qui ne permettent pas de comprendre précisément les méthodologies - souvent complexes, parfois approximatives - qui sont employées. Dès lors, la technicité et l’opacité de ces données rendent nécessaires le développement d’approches critiques qui permettent de déconstruire ces nouveaux registres de fabrique cartographique. A partir de données récoltées sur un réseau social très utilisé, Instagram, nous souhaitons questionner les traces géonumériques comme outil potentiel d’observation des pratiques touristiques, en remontant dans la généalogie des données : de la carte à la trace. Notre démarche consiste alors à revenir aux données initiales, les semis de points et les métadonnées associées, afin d’explorer trois dimensions fondamentales, conditions pré-requises à des explorations plus complexes : le temps, le lieu et l’individu. Pour cela, nous avons récolté un corpus de métadonnées de photographies publiées sur le réseau social Instagram entre 2016 et 2019 à Biarritz, que nous analysons à travers ces trois axes. A travers cette étude exploratoire, nous démontrons que ces données très riches présentent néanmoins un certain nombre de limites que ce soit dans l’accès aux données elles-mêmes, que dans leur précision spatio-temporelle ou dans la possibilité effective de caractériser les usagers.