En 2016, paraissent en Allemagne les résultats d’une étude commanditée par le Deutscher Kulturrat. Dirigée par Gabriele Schulz, Carolin Ries et Olaf Zimmermann, celle-ci décrypte les inégalités hommes-femmes dans les institutions culturelles allemandes – musiques actuelles comprises. Observant qu’il n’y a que dans la chanson que les femmes sont presque aussi nombreuses que les hommes, ces statistiques participent à poser la voix comme l’instrument de prédilection des femmes. En effet, dans les domaines des musiques populaires faisant fortement appel à une instrumentation non-vocale, les hommes demeurent nettement majoritaires. De telles inégalités nous invitent ainsi à nous pencher sur les normes de genre dans l’instrumentation des musiques populaires. Mais elles signifient aussi que tout·e chercheur·e s’intéressant aux pratiques musicales des femmes doit a priori privilégier une étude de la voix et du chant. Toutefois, les pratiques musicales amateurs demeurent relativement absentes de cette étude. Sur le terrain des scènes musicales dites DIY (« Do-It-Yourself »), des acteurs queer et féministes, comme le réseaux de festivals « Ladyfests », font cependant état d’une situation similaire. Posant les musiques alternatives comme des espaces de domination masculine, ces acteurs du terrain se donnent comme objectif de faire pencher la balance en célébrant les contributions d’artistes marginalisé·es en raison de leur genre. En m’intéressant à la manière dont les Ladyfests allemandes et leurs médias constituent un support de revendication pour des contre-publics subalternes (Fraser, 1990) au sein des scènes DIY, je montrerai ici comment ces événements font entendre les « voix » de ces contre-publics, au sens figuré comme au sens propre.