Ce chapitre se propose de mettre en évidence les liens que Norbert Elias a établis entre le processus de civilisation et la progression de la démocratisation fonctionnelle à la lumière des transformations que les conflits violents ont subies depuis la fin du dix-neuvième siècle. Cette étude soutient que ces conflits violents, régulièrement décrits comme l’effet ou le signe de processus de décivilisation, sont à comprendre non comme la manifestation de résistances externes au processus de civilisation, c’est-à-dire comme des retours à des formes de violence archaïques, mais comme des violences qui sont – au sens technique – régressives, c’est-à-dire qui accompagnent et réagissent au processus de civilisation. Pour cela, il convient de considérer la sociologie de la connaissance d’Elias et de prendre la pleine mesure du rôle qu’il fait jouer aux phénomènes de radicalisation idéologique dans son analyse des violences paroxystiques qui ont marqué vingtième siècle.