Les deux plus jeunes enfants d’Henri Labrouste, Léon (1846-1907) et Laure (1848-1938), ont contribué par leurs écrits à construire la place de leur père dans l’historiographie de l’architecture. Cet article, basé sur l’analyse des papiers Labrouste conservés dans divers fonds d’archives, revient sur leur parcours. Les textes écrits sous pseudonyme par Laure dans le Forum artistique et la série des « Souvenirs » qu’elle a collecté permettent de suivre l’élaboration d’un récit quelque peu mythifié du rôle de la figure paternelle dans l’évolution de l’architecture, allant de la restauration de Paestum au ciment armé. Quant à Léon, ses articles et son ouvrage L’esthétique monumentale (1901) s’efforcent de définir le « rationalisme » hérité de son père dans un ensemble de références philosophies et scientifiques, tout en déplaçant à l’Union syndicale des architectes français des débats professionnels qu’Henri abordait en son temps au sein de la Société centrale des architectes. Ainsi les écrits de Laure et de Léon ont-ils accompagné l’appropriation posthume des théories de leur père, favorisant leur interprétation par les générations suivantes.