La pratique de la consultation d'experts par les tribunaux d'inquisition a ete peu etudiee, alors qu'il s'agit d'une source assez bien documentee, offrant une perspective originale sur le fonctionnement du systeme inquisitoire. L'une de ses particularites tient a son positionnement, a la fois partiellement metajuridique (par sa reference constante aux imperatifs de la conscience et son reel souci de representativite sociale) et nettement juridictionnel. Precedant de tres peu le jugement, les consultations requises par l'inquisiteur etaient en effet l'occasion d'un controle a posteriori de la procedure, voire, exceptionnellement, d'une censure de celle-ci. A ce titre, l'action corrective du conseil permettait d'assurer une plus grande efficacite de la procedure, mais aussi une meilleure tolerance sociale de ses effets. Enfin, pour des raisons qui relevent de l'ideologie (ideal medieval de la concorde) et du pragmatisme (souci de credibiliser les avis rendus), le conseil a l'inquisition apparait comme fortement producteur d'unanimite, et constitua l'un des signes du caractere consensuel que le tribunal de la foi entendait donner a la lutte contre l'heresie.