Si la pratique du covoiturage a fait l’objet de nombreuses recherches, et que les profils des covoitureurs ont déjà été décrits (Barthes, 2009; Gheorghiu & Delhomme, 2018; Vincent, 2008), aucune étude à notre connaissance n’a croisé ces profils aux formes de covoiturage pratiquées. Dès lors, notre communication vise à dresser et comparer les profils des covoitureurs selon la nature des déplacements effectués, selon une typologie en 3 catégories impliquant des distances, temporalités et contraintes d’organisation spécifiques : les trajets pour aller au travail, les autres motifs de la mobilité quotidienne et les trajets de longue distance. Notre interrogation ne porte pas seulement sur les variables socio-économiques et spatiales, mais considère aussi des variables plus subjectives autour de l’économie collaborative, le comportement de l’entourage, le degré de confiance à autrui ainsi que les modalités de mise en relation entre covoitureurs (numérique/non numérique). Les résultats sont basés sur une enquête par questionnaire portant sur les pratiques collaboratives des Français, réalisée en 2016 auprès de 2000 adultes sous l’égide du GIS Marsouin. Elle nous permet de distinguer les personnes ne pratiquant aucune forme de covoiturage de celles faisant régulièrement une seule des 3 formes mais jamais les deux autres. L’échantillon final se compose de 1025 participants dont 74.4% n’ont jamais pratiqué le covoiturage. Parmi les 262 covoitureurs, 20.2% pratiquaient le covoiturage domicile-travail, 23.7% du quotidien et 56.1% de longue distance. Conformément à la littérature (Delhomme & Gheorghiu, 2016), connaître des covoitureurs, faire confiance aux autres, être bénévole, adhérer à des valeurs symboliques « alternatives » de consommation et de vision des relations humaines et de préservations environnementales sont des variables positivement associées à la pratique du covoiturage, indépendamment de sa forme. Ainsi, les covoitureurs ont un profil spécifique. En revanche, si l’on compare les 3 formes de covoiturage entre elles, les résultats montrent des profils sociodémographiques et économiques différents. Le covoiturage domicile-travail est davantage pratiqué par de jeunes ouvriers et employés vivant seuls avec enfants. Les covoitureurs du quotidien sont plutôt des retraités considérant avoir un niveau de vie difficile et qui résident dans les communes de faible densité. À l’inverse, présents dans les espaces denses, les covoitureurs de longue distance sont plutôt des étudiants diplômés d’un BAC+3 et plus, qui considèrent avoir un niveau de vie confortable, vivant chez leurs parents ou en colocation. Par ailleurs, les covoitureurs domicile-travail et du quotidien se mettent essentiellement en relation grâce à leurs réseaux de proximité (avec des personnes qu’ils connaissent), alors que les covoitureurs de longue distance ont plutôt recours à des plateformes numériques (de type Blablacar ou IDVroom) et partagent très souvent les frais entre covoitureurs. Références BARTHES, A., (2009), Première approche quantitative des processus de covoiturage dans les territoires. DELHOMME, P. & GHEORGHIU, A., (2016), Comparing French carpoolers and non-carpoolers: Which factors contribute the most to carpooling?, Transportation Research Part D: Transport and Environment, vol. 42, p. 1‑15. GHEORGHIU, A. & DELHOMME, P., (2018), For which types of trips do French drivers carpool? Motivations underlying carpooling for different types of trips, Transportation Research Part A: Policy and Practice, vol. 113, p. 460‑475. VINCENT, S., (2008), Les "altermobilités" : analyse sociologique d’usages de déplacements alternatifs à la voiture individuelle. Des pratiques en émergence ? (Université René Descartes-Paris V).