Comment concilier le droit et l'émotion et comment concilier les juges et les émotions ? Il semble avoir été admis, notamment suite aux découvertes des neurosciences, que Descartes se trompait en distinguant le corps et l'esprit, la raison et l'émotion. La raison sans émotion conduit à de mauvaises décisions, les émotions refoulées conduisent à de mauvaises intuitions. Le mouvement Law and Emotion s'est développé aux États-Unis pour approfondir l'importance des émotions dans le raisonnement juridique et judiciaire. En Allemagne, au XIXe siècle, la doctrine du sentiment juridique a été introduite par Savigny ainsi que dans le cadre du mouvement pour le droit libre. Elle a néanmoins été sévèrement critiquée car elle risquait de conduire à l'arbitraire. Cependant, fonder une règle sur la seule raison ne semble pas non plus satisfaisant. Comment faut-il considérer les rapports entre le droit, les juges et l'émotion dans le pays de Descartes ? Il s'agit de ne pas succomber au "tournant émotionnel" sans sauver l'approche rationnelle par l'application formelle d'une règle de droit. Cette recherche, basée principalement sur le système français, peut aider à mieux discerner la différence entre un juge et un médiateur et aussi à mieux comprendre les limites d'une justice prédictive basée uniquement sur la raison et les algorithmes.