La gestion du transport implique fréquemment des horaires irréguliers de travail et une monotonie de l’environnement qui tendent à faciliter des phases de somnolence ou d’hypovigilance incompatibles avec les exigences de sécurité. La baisse de la vigilance des opérateurs humains est une des principales causes des accidents ferroviaires. De ce fait, le maintien de la vigilance des opérateurs est devenu un enjeu important pour la sécurité. Plusieurs travaux se sont intéressés à la dimension temporelle de la vigilance et à ses implications dans la genèse des accidents de la route. Cependant, il n’existe, actuellement à notre connaissance, pas de démarches méthodologiques qui prennent en compte l’ensemble des concepts liés à la chronobiologie de la vigilance dans l’analyse et l’évaluation de la sécurité ferroviaire (Dogui 1998) et (Hadj-Mabrouk et Dogui 1999). C’est ce qui a motivé le présent travail. En effet, la chronobiologie appliquée est susceptible d’apporter des solutions visant, non pas à adapter l’Homme à son environnement social et culturel, mais, au contraire, à adapter cet environnement aux rythmes biologiques fondamentaux de l’Homme (Caston 1993). Cet article présente, dans son premier chapitre, des notions de chronobiologie de la vigilance et de la performance en soulignant l’intérêt du respect de la typologie circadienne du sommeil pour améliorer la fiabilité humaine. Les accidents ferroviaires liés à l’hypovigilance de l’opérateur font l’objet du deuxième chapitre. Le dernier chapitre propose une approche d’application de la chronobiologie de la vigilance à la sécurité ferroviaire qui fait intervenir douze grandes phases chronologiques.