L’institut universitaire de technologie (IUT) au prisme des modifications de pratiques pédagogiques avec les ressources en contexte de confinement
Résumé
Generally speaking, confinement has led all the actors in education to a reconfiguration of their professional activity. In this context, the transition to the all-distancing is a phenomenon that is of particular interest to research. Several surveys have been launched, at the level of the education system, having collected several thousand responses (IFE, 2020; Le café pédagogique, 2020). If these studies have the advantage of giving a quantitative vision of the adaptations of the activity of the actors (teachers and learners), we propose a focus on one institution in particular, the University Institute of Technology (IUT), from the point of view of a central object in the teaching activity, the resources. Our research in university pedagogy has the particularity of focusing on the specificity of IUTs (characterized, among other things, by a pedagogical relationship of proximity (Tralongo, 2018, pp. 42-43)), as well as on how to instrument the EAD, using mediation tools/support at the heart of the activity. We are interested in the chosen digital modalities from the point of view of synchronicity, interactivity with learners, collaboration between teachers and use of resources. The situation of confinement envisaged from the scientific point of view in education thus opens up a new field of research allowing us to question the modes of distance education (DDE) and to envisage their possible evolution.
The anthropological theory of didactics (TAD) conceived by Chevallard provides a relevant and operational theoretical anchoring allowing us to analyze the professional practices of teachers, based on their statements. Within the framework of the RENOIR-IUT project (Digital resources: supply, intermediation, networks in IUTs), an exploratory survey equipped with a questionnaire has allowed us to collect 61 answers from teachers in a IUT in the south of France on digital uses during the period of confinement. The quantitative results indicate an adaptation of the tools and practices (in line with the IFE study, 2020) since 46% of the respondents declared that they have changed a large part of their teaching resources and 14% all of them. Nearly 80% report using new resources and nearly 90% report discovering new tools for teaching, most often through a colleague on the teaching team (72%). The relational activity with the students is disrupted since 39% of the IUT teachers consider that they were not able to follow/accompany the students in a satisfactory way, and 42% were not able to help those in difficulty. More than 80% of the sample considered the evaluation of students to be unsatisfactory. The qualitative analysis of the answers to the open-ended questions allows us to refine and qualify certain results, including those that appeared in the national literature.
D’une manière générale, le confinement a amené l’ensemble des acteurs de l’enseignement à une reconfiguration de leur activité professionnelle. Dans ce contexte, le passage au tout distanciel est un phénomène qui intéresse particulièrement la recherche. Plusieurs enquêtes ont été lancées, au niveau du système éducatif, ayant recueilli plusieurs milliers de réponses (IFE, 2020 ; Le café pédagogique, 2020). Si ces études ont l’avantage de donner une vision quantitative des adaptations de l’activité des acteurs (enseignants et apprenants), nous proposons une focale sur une institution en particulier, l’institut universitaire de technologie (IUT), du point de vue d’un objet central dans l’activité enseignante, les ressources. Notre recherche en pédagogie universitaire a la particularité de s’intéresser à la spécificité des IUT (caractérisés entre autres par une relation pédagogique de proximité (Tralongo, 2018, pp. 42-43), ainsi qu’à la façon d’instrumenter l’EAD, au moyen d’outils/supports de médiation au cœur de l’activité. Nous nous intéressons aux modalités numériques choisies du point de vue de la synchronicité, de l’interactivité avec les apprenants, de la collaboration entre enseignants et de l’utilisation des ressources. La situation de confinement envisagée du point de vue scientifique en éducation ouvre ainsi un champ de recherche inédit permettant de requestionner les modes d’enseignement à distance (EAD) et d’envisager leur possible évolution.
La théorie anthropologique du didactique (TAD) conçue par Chevallard fournit un ancrage théorique pertinent et opérationnel nous permettant d’analyser les pratiques professionnelles des enseignants, sur la base de leurs déclarations. Dans le cadre du projet RENOIR-IUT (Ressources numériques : offre, intermédiations, réseaux en IUT), une enquête à visée exploratoire outillée d’un questionnaire a permis de recueillir 61 réponses d’enseignants d’un IUT du sud de la France portant sur les usages numériques pendant la période de confinement. Les résultats quantitatifs indiquent une adaptation des outils et des pratiques (rejoignant sur ce point l’étude de l’IFE, 2020) puisque 46 % des répondants déclarent avoir fait évoluer une grande partie de leurs ressources d’enseignement et 14 % la totalité. Ils sont près de 80 % à déclarer avoir utilisé de nouvelles ressources, près de 90 % à avoir découvert de nouveaux outils pour enseigner, le plus souvent grâce à un collègue de l’équipe pédagogique (72 %). L’activité relationnelle avec les étudiants s’en trouve bouleversée puisque 39 % des enseignants de l’IUT considèrent ne pas avoir pu suivre/accompagner les étudiants de manière satisfaisante, et 42 % ne pas avoir pu aider ceux en difficulté. L’évaluation des étudiants est considérée comme non satisfaisante par plus de 80 % de l’échantillon. L’analyse qualitative des réponses aux questions ouvertes permet quant à elle d’affiner et de nuancer certains résultats, dont ceux apparus dans la littérature nationale.