Les remplissages (Pléistocène supérieur – Holocène) de la grotte marocaine d’El Harhoura 2 ont livré une microfaune abondante et variée, incluant notamment des restes de rongeurs, d’insectivores, d’amphibiens et de reptiles. Des échantillonnages ont été effectués dans les 8 premières couches, et le matériel a fait l’objet d’une étude systématique, taphonomique et paléoécologique. L’analyse taphonomique nous a permis d’obtenir des indications sur l’origine des accumulations de petits vertébrés, ainsi que sur l’histoire des remplissages. L’absence de polissage et de tri des os par l’eau, l’impossibilité pour ce site de fonctionner comme un « piège », ainsi que la présence de traces de digestion sur une grande partie du matériel indiquent que la cause principale d’accumulation est la prédation. Plusieurs types de prédateurs ont été mis en évidence, notamment d’après l’étude des micromammifères. Des phénomènes post-mortem ont également été observés (traces de racines et de moisissures, encroûtements, éléments brûlés, traces de corrosion, d’exposition aux intempéries du climat, piétinement). Il semble que les dépôts soient restés relativement bien en place depuis leur formation, seules des bioturbations ont pu intervenir localement (racines, terriers). Mais ces biais restent difficiles à évaluer précisément, car les études taphonomiques actualistes sont encore rares pour l’Afrique du Nord, or beaucoup de paramètres peuvent varier de ce que l’ont connaît en Europe ou en Afrique sub-saharienne (espèces prédateurs et proies différentes, variations dans les préférences alimentaires et les comportements de chasse, réaction différentes des os de campagnols et de gerbilles à la digestion). Il est donc nécessaire de mettre en place des référentiels spécifiques au Maghreb, en échantillonnant des pelotes ou des déjections de différents prédateurs dans plusieurs types de milieux.