Sciences embarquées et renouveau minier français : récits de chercheurs, approches réflexives et engagement en SHS
Résumé
Dans le contexte de renouveau extractif actuel (Montagne-d’Or en Guyane, gaz de couche de charbon en Lorraine, projets miniers…), des programmes de recherche cofinancés par les opérateurs industriels et les universités se développent, affichant le souci de prendre en compte et d’anticiper les besoins à la fois des industriels, des pouvoirs publics et des organisations de la société civile. Les chercheurs en sciences humaines et sociales (SHS) sont de plus en plus souvent parties prenantes de tels projets de recherche conduits par des laboratoires de sciences expérimentales. Face à ce type de projets controversés, aux fortes implications politiques, économiques et environnementales, le possible conflit que vit le chercheur en SHS entre identité professionnelle et convictions personnelles lui impose le passage par une analyse réflexive de son parcours, de son positionnement, et des modalités formelles de production de ses résultats de recherche. Ces modalités énonciatives diffèrent toutefois grandement selon les disciplines qui prennent la mine pour objet, allant d’un effacement énonciatif à la place donnée au « je » et au récit de soi dans la fabrique de la recherche. Cet article s’intéresse aux différents usages de la dimension narrative selon les communautés scientifiques et les postures endossées par les chercheurs pour éclairer le possible ou impossible engagement écologiste de l'une d'entre nous prenant la mine pour objet.