Les géographes s’intéressent entre autres à la diffusion d’un phénomène sur l’espace, et en l’occurrence ici à la diffusion du covid-19 en Russie. Pourquoi la Russie ? Parce que ses 9900 km de large nous permettent de bien observer ces phénomènes de diffusion, et également parce que nous avons au sein de notre laboratoire des collègues dont c’est le terrain de recherche (Sébastien Gadal, Aix-Marseille Université). Le 1er patient officiel est détecté à l’aéroport de Moscou le 1 er mars, il s’agit d’un cas importé en provenance d’Italie. Auparavant, il y a bien eu quelques cas, notamment fin janvier, en provenance de Chine, ce qui a conduit la Russie à fermer ses 4250 km de frontière qu’elle partage avec la Chine, le 20 février. Dès lors, les contaminations ne peuvent plus se faire par le sud, mais majoritairement d’ouest en est comme nous allons le voir sur la vidéo intitulée « Diffusion covid ». A partir de l’aéroport, la capitale moscovite et ses 12 millions d’habitants est rapidement atteinte, puis le virus se diffuse de proche en proche autour de Moscou, parfois il se retrouve dans des villes plus lointaines à la faveur des vols nationaux, les géographes disent alors que la diffusion se fait par sauts, sinon il « emprunte » les routes et les voies férrés, modes de diffusion bien connus. Il va mettre 42 jours pour atteindre la capitale régionale la plus extrême orientale « Tchoukotka ». La vidéo s’arrête à ce moment-là le 12 avril. Le virus a donc voyagé à la vitesse moyenne de 235km/jour. Certaines villes bien que plus proches, mettent plus de temps à être atteintes, car elles sont moins accessibles que celles sur le tracé des grandes routes nationales ou du transsibérien, en ce sens nous avons là, mis en évidence, ce que nous appelons une certaine « rugosité » de l’espace.