La tourbière de Bernadouze en Pyrénées ariégeoises est d'une richesse faunistique exceptionnelle. Elle est en particulier la zone humide la plus riche en collemboles connue à ce jour dans le monde. Sa microfaune terrestre, au sein de laquelle les collemboles jouent un rôle prépondérant, a été échantillonnée de façon approfondie depuis 2013. Une coupe forestière importante réalisée en 2016 par l'ONF sur les pentes boisées à proximité immédiate de la tourbière, s'est traduite par une ouverture importante du milieu, et un apport considérable de matériel ligneux au sol. Tirant parti de cette perturbation importante et de notre très bonne connaissance de la diversité faunistique de la forêt, nous avons lancé en 2018-2019 une campagne d'échantillonnage destinée à évaluer l'impact de cette coupe forestière sur la biodiversité des sols de forêt et de tourbière. La biodiversité de ces sols a été comparée avant et après la coupe forestière, apportant les premières données quantifiées sur la réponse d'un groupe édaphique majeur présent à la fois dans l'écosystème forestier directement perturbé et dans l'écosystème de tourbière adjacent non directement affecté. La diversité des communautés étudiées a, en forêt comme en tourbière, diminué très significativement suite à la coupe forestière de 2016: baisse modérée de la richesse spécifique globale (forêt et tourbière), mais baisse importante de la richesse moyenne par relevé (forêt et tourbière), baisse considérable des abondances, que ce soit globalement ou par relevé (forêt et tourbière), et changements importants dans la composition taxonomique des communautés (forêt). L'état actuel du sous-bois forestier et l'ouverture considérable du milieu, dont on connait l'importance pour les communautés édaphiques, suggèrent un impact direct de la coupe forestière sur la baisse de biodiversité des sols forestiers. On ne peut cependant exclure que les événements climatiques exceptionnels qui ont marqué la période d’échantillonnage, tout spécialement l'épisode caniculaire de 2019, aient pu aussi affecter fortement ces communautés, mais l'impact attendu eut là encore été moins marqué en tourbière qu'en forêt, en raison du rôle tampon des circulations hydriques. Suite à cette étude, un impact indirect de la coupe forestière sur la baisse de diversité en tourbière, à travers les flux hydriques forêt > tourbière apparaît comme une hypothèse de travail pertinente.