Les sciences économiques contemporaines ont redonné toute sa place à l’activité des entrepreneurs dans leur explication du développement. Les raisons des différentiels d’activité entrepreneuriale d’un pays à l’autre reste, en revanche, l’objet d’importants débats. Parmi ces raisons, il y a la culture. Cet article étudie sur la base d’une enquête menée auprès d’étudiants des Émirats Arabes Unis ("EAU") l’effet de la culture sur le désir d’entreprendre, de créer son entreprise. Le cas des EAU est emblématique de ces pays riches en ressource naturel mais qui pour préparer l’après pétrole s’interroge sur l’absence de classe entrepreneuriale et ses risques pour la soutenabilité de la croissance économique à long terme. Afin de s'éloigner d'une économie de rente et fournir aux nationaux des emplois dans le secteur privé, les EAU ont promu et mis en œuvre des stratégies de diversification au cours des 20 dernières années. Pourtant, moins de 2 % de la main-d'œuvre du secteur privé est composée de citoyens des EAU. Ces derniers préfèrent travailler dans le secteur public en raison des meilleures conditions de travail et de plus hauts salaires. A l’origine de ce désintérêt des émiratis pour l’entrepreneuriat il y a une culture singulière. L’enquête faite auprès des étudiants de l’université des EAU montre que la culture des étudiants est holistique et plutôt hostile à l'esprit d'entreprise. Ce désintérêt est d’autant plus prégnant que ces étudiants craignent d’être stigmatisés par leurs proches s’ils échouent et préfèrent le prestige social associé aux emplois publics. Ces résultats confirment non seulement la spécificité culturelle des Etats Rentier mais invitent également à lancer des programmes éducatifs visant à modifier les croyances des étudiants afin de les rendre plus réceptifs aux projets entrepreneuriaux. Un tel changement culturel est probablement vital dans le contexte de la transition d'une économie basée sur le pétrole à une économie fondée sur la connaissance.