En France, le nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus augmentera de 31 % en 10 ans (entre 2020 et 2030), et de 57 % en seulement 20 ans (2020-2040) (INED, https://www.ined.fr/). Or, si la mobilité est restée stable entre 1994 et 2008 dans l'ensemble de la population (environ trois déplacements par jour), celle des personnes de plus de 75 ans a augmenté d'environ 20 % chez les hommes et de 33 % chez les femmes, celles-ci étant de plus en plus nombreuses à accéder à la conduite (23 % en 1994, 45 % en 2007) (Armoogum et al. 2010). Même s'il est difficile de projeter la mobilité de demain sur celle d'aujourd'hui, des questions de recherche en sécurité routière se posent sur les pratiques futures de déplacements des personnes âgées. Des changements vont-ils s'opérer avec l'émergence des véhicules automatisés ? Les personnes âgées vont-elles s'adapter et maintenir leur mobilité en toute sécurité ? Il est encore prématuré de répondre à ces questions mais un regard à la fois rétrospectif et prospectif peut contribuer à mieux éclairer l'évolution des enjeux de sécurité routière. L'objectif de ce chapitre est de proposer un panorama sur un siècle d'utilisation de l'automobile par des conducteurs âgés. L'histoire de l'évaluation de l'aptitude à la conduite fera l'objet d'une première partie, puis suivra un bilan actualisé des enjeux en termes d'accidentologie routière des conducteurs âgés. Enfin, les questions d'autorégulation de l'activité de conduite en réponse aux effets du vieillissement seront explorées dans un contexte de bouleversement technologique.