Les matériaux ferreux ont alimenté différents domaines de la culture matérielle Khmer et participé au développement de son empire entre le IXème et le XVème siècle. Outils, armes, renforts pour l’architecture ou la sculpture en bronze sont autant de témoins issus de processus de production et de diffusion susceptibles d’apporter un éclairage nouveau sur les échanges économiques à l’époque angkorienne. En combinant études archéologiques, technologiques, chronologiques et de provenance sur deux grandes zones de production de fer et un grand nombre d’objets, le projet ANR IRANGKOR « production, circulation, et consommation du fer dans le royaume khmer entre le IXème et le XVème siècle (Angkor, Cambodge) » a apporté de nouveaux éléments pour comprendre l’évolution de la production de biens matériels à cette époque en Asie du sud-est. Dans cette approche intégrée, la datation radiocarbone directe des objets ferreux a permis de compléter les repères chronologiques fournis jusqu’alors par l’histoire de l’art ou l’épigraphie dans un contexte où manquent souvent les matériaux habituellement utilisés en datation. Les datations de renforts architecturaux ont en particulier permis de « revisiter » la chronologie de certains temples et leur attribution aux différents rois bâtisseurs. Les datations réalisées sur les armatures de plusieurs statues en bronze ont constitué une véritable première pour ces objets qui n’avaient jamais pu faire l’objet de datations directes et pour lesquels les historiens d’art manquaient parfois d’éléments discriminants. Nous présenterons ici les résultats les plus marquants parmi les 70 datations réalisées sur des objets ferreux provenant d’ensembles architecturaux, de sites archéologiques et de musées.