Cette recherche a pour principale visée l’étude du rôle de la mémoire dans la Crète antique entre le XIVe et le VIIe siècle avant J.-C., en se fondant sur l’analyse d’une catégorie particulière d’artefacts : les keimèlia. Ces objets, conservés durant de nombreuses générations et à ce titre porteurs d’une mémoire et de souvenirs propres, n’ont en effet jamais fait l’objet d’une étude d’ensemble dans notre cadre géographique et chronologique. Ils ont souvent été considérés comme des « anomalies » par les chercheurs modernes, et seuls F. Pfister en 1909 puis J. Boardman en 2002 se sont attachés à leur signification en se fondant sur les textes littéraires. Cette recherche se rattache à une discipline jeune, « l’archéologie de la mémoire », qui souhaite comprendre l’usage du passé dans le passé en se fondant sur un grand éventail de perspectives archéologiques. Le corpus sur lequel on s’appuie a été réuni au cours d’un master de recherche, et comporte plus de 300 artefacts. Notre objectif est de comprendre quels objets étaient conservés, dans quels lieux et à quelles fins. Nous mènerons ainsi une analyse typologique, afin de mettre en évidence la prépondérance de certains objets ainsi que la présence d’exotica dans le corpus, une analyse contextuelle pour étudier de plus près les différents cadres sociaux dans lesquels les keimèlia évoluent et les différents rôles qu’ils peuvent avoir au sein de la société, ainsi qu’une analyse historique, afin de replacer dans le cadre socio-politique de ces périodes l’évolution de la perception de ces « objets de mémoire ».