La fouille prescrite au lieu-dit "La Grande Maison" a livré d'importants enseignements pour l'occupation de ce secteur à la période néolithique, ainsi que pour le premier Moyen Âge. Outre la présence d'une large fosse isolée attribuable au Néolithique ancien (VSG), la parcelle a révélé la présence d'une sépulture collective et d'un ensemble mégalithique. La sépulture collective, aménagée durant le Néolithique récent, présente une seconde occupation funéraire au Néolithique final, après l'installation d'un "sole de dallettes calcaires séparant les deux niveaux. Si son architecture originelle demeure incertaine en raison des nombreuses perturbations postérieures, la présence de larges fosses "grignotant" le pourtour de l'ensemble funéraire suggère une mise en œuvre de plusieurs orthostates : ces creusements semblent en effet liés à un épierrement lors de la mise en culture moderne de la parcelle. A 80 m à l'ouest, en limite du talweg formé par le passage du rû de la Marne, un ensemble de 3 pierres, volontairement débitées et gravées, a été retrouvé dans les niveaux de limons. Ces trois "stèles", couchées bien avant l'occupation médiévale du site, comprennent notamment un mégalithe dont la gravure pourrait s'apparenter à celle des "statues-menhirs" néolithiques. La parcelle connaît ensuite un long "abandon", puisque les traces d'une activité humaine ne ré-apparaissent qu'à l'aube du VIIe siècle. A cette période, 2 chemins parallèles semblent desservir le site : le premier constitue les prémices de la rue de La Marne, le long du rû à l'ouest, tandis que le second traverse le décapage à 150 m vers l'est. Si la "rue de la Marne" présente une forte densité d'occupation à ses abords, comparée au chemin est qui n'agrège que quelques structures limitées par un petit enclos, il est nécessaire de prendre en compte la grande disparité topographique liée à la présence du talweg, induisant un arasement très important du secteur est. Dès cette période, le site est animé par la production de céramique, notamment illustrée par la présence de deux fours distants d'une cinquantaine de mètres. Le diagnostic avait révélé la présence de rebuts de production mérovingiens également au nord-est (hors zone de fouille), le long du second chemin. L'activité potière se poursuit sur le site jusqu'à la fin du Xe siècle au moins ; elle est illustrée par la présence de trois nouveaux fours dans la zone 1, formant un véritable pôle artisanal pérenne en dessous et autour du chemin de la Grande Maison, qui s'avère très récent (tout comme le tracé du rû qui le borde). Les nombreux rebuts de céramique permettent de dresser un profil assez riche de cette production. Outre l'activité potière, une petite activité de métallurgie des alliages cuivreux semble se développer dans le secteur nord-ouest de la fouille. Au tournant des XIe-XIIe siècles, l'habitat se contracte le long de la rue de la Marne, ne formant plus qu'un îlot unique sans doute matérialisé de manière ultime par la présence d'un bâtiment à fondation de pierres et de quelques fonds de cabane en arrière-cours. Si l'artisanat n'est plus réellement attesté dans ces contextes, quelques éléments mobiliers ainsi que le profil de l'alimentation carnée semblent trahir un habitat privilégié, à mi-chemin entre l'église Saint-Étienne et la ferme Godefroy, tous deux attestés par les textes au moment de l'abandon définitif de l'habitat sur l'emprise de fouille.