Les micro-récits juifs de Maxim Biller ou le travail de mémoire à l'épreuve de la satire
Résumé
En 2005 paraissent dans un même volume les Moralische Geschichten (Histoires morales) de Maxim Biller, un recueil de micro-récits publiés auparavant un à un dans un hebdomadaire allemand. L'écrivain et journaliste y met en scène des personnages juifs, petits ou grands, « qui préféreraient ne pas être Juifs, mais qui aimeraient bien l'être quand même », dans l'Allemagne d'aujourd'hui. La brièveté de la forme choisie y est clairement au service de la satire, du cynisme, de la provocation. Chaque récit, aussi court qu'il soit, est une pointe lancée contre une Allemagne bien pensante, un travail de mémoire bien mené, une normalité apparemment retrouvée. Chacun d'entre eux est une nouvelle variation de cette question posée par l'auteur, qui est un micro-récit en soi: « Quand l'Allemagne sera-t-elle prête à avoir une relation normale avec les Juifs? La réponse est: jamais. » Rares sont les commentaires ou analyses publiés sur ce phénomène tout aussi singulier que prisé dans la littérature allemande contemporaine, pourtant ces micro-récits parviennent à poser, parfois même en quelques lignes, un bon nombre de questions sur l'identité juive, la mémoire et la fragilité des fondements sur lesquels reposent la société allemande contemporaine. C'est ce sur quoi nous nous proposons de réfléchir ici.
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