When nursing and management sciences meet: the revalorization of emotion and compassion-related factors in the United Kingdom as an example of the impact of research on research and practices
À la croisée des sciences infirmières et de gestion : la revalorisation de l’émotionnel et du compassionnel au Royaume-Uni comme exemple d’impact de la recherche sur la recherche et les pratiques
Résumé
In a context of important transformations in healthcare (health product innovations, telemedicine, Big Data, etc.) management science – and more specifically healthcare and healthcare organizations management – is faced with the necessity of producing research likely to affect practices and public policy. Even though scientific production in the field of healthcare management is prolific, the double issue of its diffusion and of the manner to guarantee its impact remains. Indeed, if proximity to healthcare organizations appears a means to lead to research able to influence management practices, or even public policy, there is a diffusion problem in this field.
As well as in management science, health organizations are (in)directly the subject of research in nursing science, a discipline which studies nurses or nursing assistants (in particular in English-speaking countries). The object of this article is thus to shed light on the question of the impact of research thanks to a specific case taken from nursing science with the aim of drawing conclusions for management science, particularly concerning healthcare organizations.
To achieve this goal, we reflect on the internal and external impact of nursing science research on emotional labor (the management of one’s own emotions and those of the patient) and on the emotional, compassionate and relational components of nursing work in British hospitals. In order to do so, we analyze the literature on the subject and examine professional, institutional and governmental documentation. Our results highlight three specificities: (a) the importance of nursing as a distinct academic field, (b) the use of policy papers and (c) the role of think tanks.
À l’aune de transformations importantes du champ de la santé (innovations liées aux produits de santé, télémédecine, Big Data, etc.), les sciences de gestion – et plus particulièrement le management de la santé et des organisations de santé – sont amenées à produire des recherches susceptibles d’affecter les pratiques et les politiques publiques. Alors que les productions scientifiques dans le champ de la santé sont foisonnantes, se pose le double enjeu de leur diffusion et de la manière dont il est possible de garantir leur impact. En effet, si la proximité avec les organisations de santé semble un levier pertinent pour faciliter la production de recherches pouvant influer sur les pratiques de gestion, voire les politiques publiques, l’on peut constater un problème de diffusion au sein du champ.
Outre les sciences de gestion, les organisations de santé font (in)directement l’objet de recherches en sciences infirmières, une discipline qui traite de la population infirmière ou aide-soignante (en particulier dans les pays anglophones). L’objet de cet article est donc d’éclairer la question de l’impact de la recherche en nous appuyant sur un cas spécifique, issu des sciences infirmières, pour repérer quels enseignements en retirer pour les sciences de gestion, particulièrement à l’endroit des organisations de santé.
Pour ce faire, nous avons étudié l’impact interne et externe des recherches en sciences infirmières sur le travail émotionnel infirmier (la gestion de ses émotions et de celles du patient) et sur les composantes émotionnelles, compassionnelles et relationnelles du travail infirmier dans les hôpitaux britanniques. À cet effet, nous avons analysé la littérature sur le sujet et examiné une documentation professionnelle, institutionnelle et gouvernementale. Nos résultats mettent en évidence trois dispositifs singuliers : (a) l’importance des sciences infirmières en tant que champ disciplinaire distinct, (b) l’utilisation de policy papers et (c) le rôle des think tanks.