Avant de devenir l’enjeu de questionnements globalisés où s’enchevêtrent des normes et des valeurs de plus en plus diversifiées, l’océan est un lieu vécu et pensé par les individus et les sociétés qui le côtoient. Il est porteur de sens et de pratiques sociales, et est indissociable du continuum terre-mer, concept éminemment structurant pour les sociétés du Pacifique. En Nouvelle-Calédonie, territoire d’outremer français du Pacifique engagé dans un processus de décolonisation négociée depuis les années 1980, ce continuum, une « terre-mer » habitée et pratiquée par les Kanak, premiers habitants représentant 40 % de la population, et par d’autres communautés principalement originaires d’Océanie, d’Asie et d’Europe, est l’objet de nouvelles problématisations environnementales génératrices de nouveaux dispositifs aux spatialisations diverses.En s'appuyant sur des observations et des entretiens menés auprès des habitants comme des individus impliqués dans des associations, des ONGs ou des collectivités publiques entre 2013 et 2016 en Nouvelle-Calédonie, la lecture que les auteurs proposent ambitionne de questionner la dialectique qui s’opère entre pratiques institutionnelles et pratiques dites "traditionnelles" et les normes pratiques qu’elle génère sur la terre-mer.Dans un premier temps, elles décrivent la terre-mer, le sens et les valeurs qui lui sont accordées et les pratiques qui s’y déploient.Dans un second temps, elles observent en quoi les transformations de ce dernier siècle dans l’administration des territoires marins et terrestres ont conduit à modifier les enjeux de gestion sur la terre-mer.La dernière partie analyse les processus de mise en politique de l’environnement marin en Nouvelle-Calédonie via deux objets spécifiques, les aires marines protégéeset les espèces animales marines emblématiques.