[lien vers la publication (chapitre d'ouvrage) : https://hal.science/hal-04375672] Derrière l'emploi des termes de « sculpteur » et « sculpture » se cachent plusieurs réalités. Dans le cadre des réalisations médiévales et plus particulièrement à l'époque romane (XIe-début XIIIe siècles) c'est avant tout l'outil qui fait le sculpteur, plus que n'importe quelle volonté humaine. La sculpture est ainsi un élément lapidaire qui a été travaillé à l'aide d'un outil précis : le ciseau, dont l'utilisation le différencie de la taille. De par ce constat ont longtemps été séparés et opposés les « sculpteurs » et les « tailleurs de pierres ». Pour un même chantier, le premier a ainsi été envisagé comme un « artiste » indépendant donnant vie aux formes tandis que le second a été perçu comme un artisan de seconde-main uniquement chargé de tailler les blocs quant à la réalisation des parements. Cette vision hiérarchique et binaire ne résiste néanmoins pas aux données que révèlent les éléments sculptés dans leurs contextes architecturaux et archéologiques. Une définition large de ce qu'est réellement la sculpture permet d'envisager des pièces diverses où le travail fini est bien sculpté au ciseau mais où la tâche a été accomplie par un artisan qui n'est pas uniquement et spécifiquement sculpteur : le tailleur de pierre. Le tailleur de pierre peut en effet recourir à cet outil afin de réaliser des éléments sculptés intrinsèquement liés aux parements dont il travaille aussi les blocs. Certaines productions sculptées sont ainsi des « archives lapidaires » qui tendent à revoir la traditionnelle opposition montrée entre sculpteur et tailleur de pierre romans et permettent d'appréhender l'identité de l'artisan sur ces chantiers médiévaux.