Artère principale de la ville d'Aurillac, la rivière Jordanne connaît au cours du Moyen Âge trois grandes phases de relations avec la cité géraldienne et ses habitants. L'époque alto-médiévale qui voit à partir de 895 l'implantation du monastère Saint-Pierre, future abbaye Saint-Géraud, est celle d'un affrontement initial entre le houleux cours d'eau et la communauté bénédictine. Ce n'est que progressivement, à partir du XIe siècle, que l'ancien torrent de montagne est dompté par les moines qui construisent des digues, aménagent des canaux pour drainer les eaux et élaborent des solutions architecturales pour contenir la rivière sauvage et préserver le monastère des crues fréquentes. Ainsi les âges romans qui correspondent à la structuration de la ville, voient la réalisation de digues qui permettent au cours d'eau de ne plus serpenter mais de désormais couler paisiblement. Le paysage urbain est dès lors stabilisé et le noyau de la ville se fixe désormais autour de l'abbaye sans craindre la Jordanne. Au XIIIe siècle s'ajoute une nouvelle dimension par l'insertion du sacré pour cette rivière. C'est le moment où le nom de la rivière, l'aiga Jordana, apparaît pour la première fois. L’appellation est symptomatique d'hydronymes dont le nom a été donné entre le XIIe et le XIIIe en référence au fleuve saint où a été baptisé le Christ, le Jourdain. Cette symbolique sacrée de la Jordanne est accentuée par le conflit naissant entre bourgeoisie aurillacoise et abbaye Saint-Géraud qui s'affrontent autour de cette rivière, de plus en plus revendiquée, et qui devient un enjeu politique.