Le septième chapitre de "Matière sociale. Esquisse d'une ontologie pour les sciences sociales" traite des « parcours de vie ». Un parcours est toujours une construction narrative, de la part de la personne concernée, de son entourage, de divers professionnels avec lesquels elle est en contact (conseillers d'orientation scolaire, services d'aide à la recherche d'emploi, etc.) ou du chercheur qui l'interroge. Mais cela n'enlève rien au fait que cette construction fait sens pour les personnes, qu'elle permet de mieux comprendre comment des événements antérieurs laissent des traces dans les situations existant au moment de l'enquête, et qu'elle met en évidence les liens entre des sphères d'activités et des collectifs distincts fréquentés à divers moments par une même personne. Tous ces éléments sont présents à différents titres dans les ressources liées à une personne et dans son réseau personnel, mais on les comprend mieux en reconstruisant ces processus que sont les parcours individuels. A travers les parcours, on saisit sous un angle particulier des formes collectives et des processus de grande ampleur. Plutôt que de développer cette idée dans un registre théorique et abstrait, je propose pour ce chapitre de souffler un peu en examinant les relations, les collectifs et les sphères d'activité du point de vue de la vie quotidienne et du parcours de vie d'un personnage familier de fiction.