La catabase virgilienne, matrice du film Fellini-Roma : prestiges de l’image et vertiges infernaux
Résumé
Dans Fellini-Roma, la célèbre séquence de la découverte de fresques antiques dans le chantier du métro reprend avec précision une série de mythèmes constitués par le récit épique de la descente aux enfers d’Enée au chant VI de l’épopée virgilienne, auquel fait écho le texte de Dante Alighieri. L’Enéide, La Divine Comédie, deux textes majeurs constitutifs de l’imaginaire fellinien, ont une fonction matricielle dans la conception d’un des films les plus hétérogènes et les plus « surréalistes » du réalisateur, Fellini-Roma. Dans des images qui viennent cristalliser la réflexion métadiégétique et métacritique de l’œuvre, les figures des fresques antiques, reflet des morts que rencontrent Enée, Virgile et Dante, attendent en quelque sorte de revivre, par la rencontre avec la pellicule du réalisateur ; elles s’effacent de leur support mural pour revivre par le film. La scène se situe au cœur d’un périple initiatique qui comprend le franchissement symbolique des neuf cercles de l’Enfer, au terme d’un trajet de la gare de péage au Colisée en passant par le périphérique, ou l’inoubliable défilé de mode ecclésiastique, où l’humour laisse place progressivement à une nekuia baroque et futuriste à la fois.