Les violences en milieu scolaire au prisme du genre : une comparaison entre la Martinique et Sainte-Lucie - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2020

Les violences en milieu scolaire au prisme du genre : une comparaison entre la Martinique et Sainte-Lucie

Résumé

Selon l'Institut National d'Études Démographiques (INED), les chiffres des violences envers les femmes en 2019 sont nettement plus élevés en Outre-mer qu’en France hexagonale. En Martinique, 57% des femmes ont subi au moins un fait de violence (harcèlement ou autre) dans les espaces publics, alors que dans l'Hexagone, cela concerne 25% des femmes. En Outre-mer, plus d’une femme en emploi sur quatre a connu au moins une forme de violence au travail, principalement des violences psychologiques contre une sur cinq en France hexagonale. En Martinique et en Guadeloupe, 1 femme sur 5 est en situation de violence conjugale, contre 1 femme sur 10 dans l'Hexagone. Aux Antilles, la violence conjugale est un véritable fléau (Brown et Lefaucheur, 2012). Cette violence de genre prend racine dans le modèle archaïque de société patriarcale qui en assignant aux hommes et aux femmes des fonctions et des positions sociales inégalitaires a engendré une violence spécifique à l’encontre des femmes. Le genre correspond à la manière de penser, aux comportements, aux attentes et aux représentations, c’est une façon de classer les individus ou les choses. Le genre se définit donc comme un système de bi-catégorisation hiérarchisé entre les sexes et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (Bereni et al., 2012). Cette hiérarchie entre le masculin et le féminin explique pourquoi on laisse plus facilement une fille jouer avec un camion qu’un garçon avec une poupée. Dès la naissance, les enfants sont placés dans des univers différents bien avant même qu’ils soient en mesure d’avoir des préférences (Héritier, 2005). L’école n’est pas coupée du monde. Quand les élèves entrent en classe, ils ne laissent pas leurs stéréotypes à l’entrée. Les rapports de domination qui ont cours dans la société l’imprègnent comme ils imprègnent les familles, le monde politique, l’entreprise et les médias (Collet 2016). L’école reproduit les mécanismes sociaux du genre tels qu’ils existent dans l’ensemble de la société. L’école est comme le disait Durkheim, une petite société et les personnels sont membres de la société dont ils vont consciemment ou pas exprimer les attentes stéréotypées en matière de comportements et de réussite scolaire. Ainsi au collège et au lycée une violence de genre s’exprime en continu par une multitude de petites violences, des insultes, des bousculades voire des coups sous l’œil souvent assez passif des adultes tant cette violence sexiste est banalisée et considérée comme normale à cet âge (Duru-Bellat, 2017). Or, on retrouve des similitudes entre les processus en jeu dans les violences entre élèves en milieu scolaire et ceux des violences conjugales. Partant de ce constat et du fait que les violences sexistes, très prégnantes à l’âge adulte, existent dès l’école, elles peuvent constituer un terreau pour les violences conjugales (Durif-Varembont et Mercader, 2019). Il convient donc de ne pas les ignorer, d’en prendre toute la mesure au travers de recueil statistique, afin de mettre en place les remédiations adéquates pour lutter contre ce phénomène de violence basée sur le genre en milieu scolaire (VBGMS) qui touche 246 millions d’enfants à travers le monde chaque année. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), c’est un obstacle majeur au droit à l’éducation contre lequel l’éducation scolaire des filles et des garçons a un rôle essentiel à jouer. Cette étude objective donc de démontrer l’existence des VBGMS ainsi que la différenciation sexuée dans la perception générale du climat scolaire entre les filles et les garçons. L’argument central vise également à analyser ces VBGMS en étudiant les différentes formes de violence en milieu scolaire ainsi que le sexe des auteurs et de leurs victimes pour tenter de comprendre la place et le rôle qu’y tient le genre. Pour se faire, le matériel de collecte de données est composé d’un questionnaire de victimation, d’entretiens et d’observation sur le terrain. Il s’agit également d’effectuer une analyse comparative des résultats obtenus entre la Martinique et Sainte-Lucie afin d’en apprécier les différences ou les similitudes. En effet, ces deux territoires présentent des spécificités communes et aggravantes pour la violence de genre mais n’ont pas le même système éducatif et donc pas les mêmes pratiques éducatives.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02508212 , version 1 (12-04-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02508212 , version 1

Citer

Pierre Olivier Weiss, Emeline Porfal. Les violences en milieu scolaire au prisme du genre : une comparaison entre la Martinique et Sainte-Lucie. Journées de la Recherche en Éducation (JRE) 2020, Apr 2020, Faa'a, Tahiti, Polynésie française. ⟨hal-02508212⟩
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