« Toute forme de connaissance contient sa part de transgression . » Ainsi des discours sur le corps privilégiés par les éditions Verticales : corps insoumis, tendus vers leur libération (tout particulièrement sexuelle), certes, et / ou trahissant réciproquement par leur comportement et leurs symptômes la violence sourde de leurs déterminations sociales ; mais corps de surcroit exposés au jour d’une « lumière blanche, verticale et sans ombre portée », accusant tant la part de profanation impliquée par leur examen, que le désir de vérité informant le travail de leur représentation – travail analytique d'objectivation, de désacralisation et, dans une large mesure, de délittérarisation. Significativement, une citation de Condillac ouvre l’ultime roman écrit par Gabrielle Wittkop : « Seule la perception permet la compréhension ». Mais comment assurer les conditions de cette même perception à l’aide de simples mots ? Comme le note Nicole Caligaris, « [l]e langage crée, il ne représente pas ». Les discours sur le corps défendus par les éditions Verticales nous semblent s’inscrire très consciemment dans cette tension, en s’employant tantôt à « prévenir l’effet déréalisant de l’écriture », tantôt à l’outrer pour mieux le dénoncer, et tantôt à s’interdire de le « corriger par les moyens à la disposition de la littérature ».