La discorde autour des plantations forestières commence déjà quand on s’attache à les définir : des forêts, des cultures, un entre-deux ? Elles sont plus largement au centre de controverses, ce y compris dans un même camp, en l’occurrence celui des protecteurs de l’environnement. En effet, pour les uns, elles sont par exemple un remède face à la déforestation, alors que, pour les autres, elles constituent une cause de recul des forêts. Cette contribution sera l’occasion de revenir sur les arguments mobilisés, par les uns ou par les autres, de manière générale, avant de se focaliser sur le cas des peupleraies qui apparaissent emblématiques en France et notamment dans le Val de Loire. Ici, nous nous fonderons sur des recherches en cours, conduites dans le cadre d’un projet porté par le Centre régional de la propriété forestière Île-de-France-Centre-Val de Loire et financé par le ministère de l’agriculture (« Du peuplier pour l’avenir », 2018-2020). Ces recherches ont été l’occasion de collecter des témoignages, révélateurs des points de vue de chacun, lors de réunions de travail et d’entretiens individuels. Certes, les défenseurs de l’environnement et des paysages ont plutôt tendance à se ranger dans le même camp, celui des « anti-peupleraies ». Mais l’analyse des témoignages montre que les débats sont plus complexes et que défenseurs de l’environnement et défenseurs des paysages n’ont finalement pas les mêmes points de vue ; plus encore, au sein des premiers, des divergences peuvent aussi se percevoir, d’autant que la filière populicole avance elle-même aujourd’hui des arguments en faveur de la protection de l’environnement. En définitive, ce sont là différentes représentations de la nature qui s’expriment et s’opposent. Les plantations forestières deviennent alors les catalyseurs de tensions, qui au final les dépassent.