La fouille archéologique menée à Etricourt-Manancourt s’inscrit dans le cadre des travaux préalables à la construction du canal à grand gabarit Seine Nord Europe par Voies Navigables de France (V.N.F). Elle est localisée au niveau du futur bassin du Tarteron, bassin de rétention destiné à alimenter en eau le futur canal. Situé au nord-est du département de la Somme, la zone fouillée se trouve sur le versant sud de la vallée du Tarteron, petit cours d’eau qui s’insère dans le bassin versant de la Tortille. L’ampleur du projet permet d’explorer l’intégralité de la sédimentation déposée durant le Quaternaire sur un des versants impactés par l’aménagement, soit plus de 11 mètres de dépôt. A ce volet stratigraphique s’ajoute la possibilité d’aborder la dynamique sédimentaire de ce versant sur plus de 4500 m². Cette opportunité d’observations géomorphologiques n’aurait pu voir le jour sans la découverte d’occupations paléolithiques dans cette séquence stratigraphique et la prescription d’une fouille de grande surface et de grande profondeur de ce gisement. Un des principaux objectifs de l’intervention archéologique fut de mettre en relation les changements environnementaux et de paysage avec les occupations humaines fouillées. Dès le début de la fouille, une géométrie complexe des dépôts s’esquissait. Préalablement testée sur la fouille du gisement d’Havrincourt (Pas-de-Calais), le développement d’une méthode de relevé stratigraphique 3D, intégré dans un SIG, s’avéra un outil indispensable à la reconstitution géologique et archéologique du site. Cette communication se propose donc de retracer le cheminement scientifique menant du développement de la méthodologie employée sur le terrain au résultat final de la reconstitution de l’évolution du paysage, soit plus de 300 000 ans de l’histoire géologique et archéologique du gisment d’Etricourt-Manancourt.