À la fin du XIIe siècle, la production chypriote d’icônes est caractérisée par le développement d’une technique artistique additionnelle qui se conjugue avec la peinture sur panneau de bois. Il s’agit d’un décor en stuc, appelé gesso ou pastiglia en italien. Cependant, c’est surtout à partir du XIIIe siècle, lorsque Chypre se trouve sous le contrôle des Latins, que ce décor en stuc se développe pour devenir l’une des principales caractéristiques des icônes produites sur l’île. Les historiens de l'art ont tenté d'attribuer une origine tantôt occidentale, tantôt orientale à cette technique qui jouit, au XIIIe siècle, d'une étonnante diffusion dans toute la Méditerranée. Cette étude a pour objectif de reconsidérer le décor en stuc des icônes chypriotes au XIIIe siècle en l’appréhendant non pas comme une technique occidentale ou orientale, mais au contraire comme un mode artistique commun aux différentes cultures du bassin méditerranéen. Le contexte historique permet peut-être en effet d’avancer des hypothèses pour expliquer cet usage fréquent au XIIIe siècle dans l’ensemble de la Méditerranée, et surtout dans le royaume de Chypre. Si l’on ignore l’identité, l’origine et le statut social des artisans qui sont les auteurs de ces décors en stuc, leur succès invite à s’interroger non seulement sur les techniques de mise en oeuvre mais aussi sur la façon dont ils ont su tirer parti d’un contexte particulier pour attirer les commandes.