Afin de dater par des méthodes physiques l’édification de monuments, les mortiers sont un matériau de choix à la différence des matériaux durs comme pierres et briques, car ils ne sont pas réutilisables en l’état. Dater par radiocarbone la carbonatation de la chaux des mortiers reste un défi expérimental en raison de limitations liées à la complexité du processus de carbonatation et à l’origine du carbone analysé qui s’opposent encore à un usage routinier, malgré un énorme potentiel, notamment par la précision des datations. Dater les mortiers par luminescence optiquement stimulée (OSL) est aujourd’hui une alternative opérationnelle. Le principe est que la luminescence des grains de quartz du sable ajouté à la chaux comme charge des mortiers, est remise optiquement à zéro durant le processus de fabrication ; c’est le blanchiment. Le moment daté est la dernière exposition à la lumière, contemporain de l’introduction du mortier dans une maçonnerie. Le problème physique principal qui a longtemps fait obstacle à une mise en oeuvre de la datation des mortiers par OSL est le blanchiment partiel et hétérogène des grains. Cela conduit aujourd’hui à utiliser systématiquement la technique monograin (single grain : SG-OSL) revenant à étudier individuellement plusieurs milliers de grains par échantillon. Des outils statistiques de dépouillement des données sont à présent disponibles (modèle EED, exponential exposure distribution ou distribution exponentielle de l’exposition, modèle déduit d’une hypothèse d’indépendance de grains mobiles). On notera que l’état d’éclairement du mélange durant la fabrication du mortier, paramètre rattachable aux conditions d’élaboration du matériau, peut être déduit des données d’OSL. Nous présentons un bilan de la datation des mortiers par OSL à partir de l’expérience acquise sur des édifices offrant une longue séquence constructive depuis l’antiquité : réussites, précision obtenue, apport à l’archéologie, mais aussi situations aboutissant à l’impossibilité de dater.