Villégiature et construction de la figure du gouvernant dans la Rome impériale du i er s. p.C. Éléments de réflexion à partir des oeuvres historiques de Suétone et de Tacite - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2012

Villégiature et construction de la figure du gouvernant dans la Rome impériale du i er s. p.C. Éléments de réflexion à partir des oeuvres historiques de Suétone et de Tacite

Résumé

Comme le rappelle J.-M. André 1 , la villégiature a, dans l'histoire romaine, des racines très anciennes liées à l'urbanisation progressive de la Rome des rois et à l'éloignement graduel des pacages et des zones rurales. Au départ, écrit l'historien, les généraux laboureurs des iv e-iii e s. vivaient dans leur campagne périphérique avant d'être mandés à Rome par le Sénat. "La villégiature primitive, retour au berceau de la famille ou au domaine, la rusticatio, est présentée comme une retraite politique". Villégiature et pouvoir politique sont donc associés depuis la haute période républicaine 2. Au ii e s. a.C., toujours selon J.-M. André, la nécessité de la villégiature devient une mode sociale et culturelle liée à l'idéologie aristocratique républicaine. Ce qui devient "le phénomène romain de la villégiature correspond à l'inversion des rythmes sociologiques : on ne va plus de la campagne à la ville pour les nondines, marchés et procès, mais de la Ville à la campagne". Rome a trouvé dans l'Athènes hellénistique quelques-uns de ses éléments culturels dont "la paideia du corps et de l'esprit". "C'est ici que la villégiature romaine rencontre la réflexion sur la hiérarchie des activités et la légitimité du loisir". "Les chefs politiques éclairés ont commencé, comme le premier Africain, par découvrir un 'loisir grec' solidaire de la civilisation urbaine". "Mais la seconde génération de philhellènes, celle de 160 […], définit le statut moral et culturel d'une classe de chefs". "Or, le 'loisir des chefs' implique la retraite suburbaine". "Les politiques éclairés se libèrent des divertissements populaires, et même des Jeux publics, pour pratiquer la réflexion féconde" dans leurs uillae. La classe des gouvernants politiques possède donc, assez tôt, comme un de ses éléments caractéristiques, la pratique régulière de la villégiature. Cette dernière se définit comme le fait de se rendre dans une demeure à la campagne ou dans un lieu de détente et de repos pour fuir, pendant un temps, les responsabilités, les contraintes et les nuisances de la vie en ville, c'est-à-dire, principalement, à Rome 3. Le phénomène de la villégiature aristocratique se développe encore 1 Ce premier paragraphe de présentation du phénomène de la villégiature romaine est une synthèse du premier chapitre de l'ouvrage de André 1993, spéc. 3-14. 2 Exemples chez Tite-Live du dictateur Quinctius en 412 a.C. (Liv. 7.39) et de Scipion l'Africain en villégiature à Literne en 187 a.C. (Liv. 38.52). 3 Le dictionnaire historique de la langue française (Le Robert, Paris, 2006, éd. A. Rey) situe l'apparition de ce mot au xviii e s., avec une première occurrence chez Montesquieu. Il s'agit d'une traduction du terme italien, villegiatura, lui-même dérivé du verbe villegiare, signifiant "aller dans sa villa, sa maison de campagne". Le mot français va conserver son sens italien, le séjour pouvant s'effectuer ailleurs qu'à la campagne. Dès la fin du xix e s., le mot désigne par métonymie le lieu et la durée du séjour. Aujourd'hui, il est lié à l'idée de vacances sédentaires. Ce que l'on appellera donc "villégiature", dans cette présentation, n'est pas, en tant que tel, une réalité du monde romain. C'est un phénomène moderne que nous allons calquer sur une pratique du monde romain antique et qui s'applique au fait de quitter la ville pour se rendre dans une uilla à la campagne ou en bord de mer. Les termes latins les plus communément utilisés chez nos deux auteurs sont les deux synonymes seccessio et secessus, tous deux dérivés du verbe secedere, "se retirer". Secessus peut, par métonymie, désigner le lieu de la retraite. Cette retraite a différents objectifs, dont les plus courants sont l'otium, le requies et la solitudo. Nous aurons à nous demander, dans notre étude, si ces objectifs demeurent identiques dans le passage de la République à l'Empire ou s'ils évoluent parallèlement aux modifications que connaît alors la vie politique romaine.
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Citer

Virginie Hollard. Villégiature et construction de la figure du gouvernant dans la Rome impériale du i er s. p.C. Éléments de réflexion à partir des oeuvres historiques de Suétone et de Tacite. IXe congrès de la SIEN La villégiature dans le monde romain de Tibère à Hadrien, Oct 2012, Loveno di Menaggio, Italie. ⟨hal-02469130⟩
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