Les ordres missionnaires méridionaux s’inscrivent dans l’histoire du catholicisme français du début du XIXème siècle: référence au culte marial du catholicisme romantique (18 appellations mariales sur les 32 dénombrés), dévotion victimale de réparation au Coeur de Jésus, goût de l’initiative individuelle dans la mission, sur-représentation des ordres féminins éducatifs et enfin début d’un catholicisme social des oeuvres où sont prioritaires les enfants et les femmes en situation précaire. Il est cependant un aspect proprement particulier de ces ordres, c’est leur précocité ultramontaine et l’internationalisation de leur recrutement. Les ordres méridionaux missionnaires qui ont survécu jusqu’à nos jours, ont délaissé le système concordataire et se sont mis directement au service de la Propagande romaine. De même, il n’est pas anodin que dans la géographie des créations, leur plus grand nombre se situe à l’ouest du Rhône, dans des pays de vieil affrontement religieux, comme la frontière cévenole et ardéchoise ou le Languedoc. Le sentiment d’une catholicité sur la défensive, amplifié par l’appel romain à relancer la mission ont permis que le Sud français contribue à son échelle réduite à la vaste mobilisation de Rome pour élargir les frontières catholiques au monde relié que l’Europe industrieuse et colonialiste était en train de construire. Une mondialisation missionnaire qui se traduit par une rapide et paradoxale internationalisation des effectifs de ces ordres, tandis que leurs pays d’origine sont en plein déploiement de leur nationalisme.