Partant du contraste entre la complexité revendiquée de l’énonciation temporelle au sein une construction romanesque et la concentration simplifiée qu’impose la brièveté d’une chanson, cet article propose une stylistique du temps en chanson. Dialoguant avec les notions désormais convenues des liens entre chanson et temps compté, il les affine en glissant du temps narratif, scandé par la progression textuelle d’une chanson, jusqu’à son temps poétisé, par des effets d’ambiguïtés, de sens suspendus ou dédoublés, entre les intentions du chanteur et l’écoute du récepteur. Temps représenté, temps partagé ou temps poétisé se déploie au gré d’exemples issus de différentes générations, Ferré et son temps catafalque, Brel et son temps troué de spectaculaires ratés, Beaupain et ses allusions complices où les ondes de possibles convergences ancrent le partage de souvenirs et d’un imaginaire, et enfin Barbara, ses ombres portées, et leurs reflets dans les interstices éternisés d’émotions suspendues, archétypales et stupéfiantes.