En 2017, la délégation académique à la formation et à l’innovation pédagogique (DAFIP) du rectorat d’Aix-Marseille met en place en collaboration avec la structure fédérative de recherche en éducation de Provence d’Aix-Marseille Université, SFERE-Provence (FED 4238), un financement pour des recherches participatives en éducation. La durée de chaque action de recherche ne peut excéder deux ans et le montant de subventions accordées est peu élevé. Des équipes d’enseignants d’établissements situés en réseaux d’éducation prioritaire renforcé (REP+) sont invités à formuler des questions fondées sur des préoccupations de métiers. Ces questions sont reprises par des groupes de chercheurs émanant de différents laboratoires de SFERE-Provence et un protocole de recherche est co-élaboré entre praticiens de l’éducation et chercheurs en éducation. Le responsable de la formation musicale et instrumentale des élèves d’une école située dans réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+) a proposé à des chercheurs un projet pour identifier et comprendre la portée des interactions dans les situations de pratiques musicales d’ensemble. Le contexte est un dispositif appelé « Orchestre à l’école » conduisant les élèves de classes de CE2, CM1 et CM2, les parents intéressés et les professeurs des écoles impliqués à produire deux spectacles musicaux chaque année. Quels étaient les types d’interaction en œuvre dans les situations d’enseignement de pratiques musicales en groupes et en orchestre ? Quelle était leur nature ? Quelle était leur fonction ? Quel impact sur l’apprentissage des participants ? Tel était le point de départ de cette recherche participative. Pour réaliser cette recherche participative, le collectif d’enseignants et de chercheurs, après avoir délimité l’objet et les limites de la demande, a élaboré un planning de travail, un cadre méthodologique, pour étudier dans les situations d’enseignement-apprentissage la nature et les fonctions des interactions entre pairs au sein de l’orchestre. Le premier travail à réaliser par les enseignants et les chercheurs repose sur la création d’un espace intersubjectif où les mots, les idées, les concepts, prennent un sens sinon commun, au moins partagé. Les phases successives du travail de recherche ont convoqué des méthodologies de recueils de données différentes allant de la captation vidéo aux entretien d’autoconfrontation en passant par des entretiens semi-directifs et des questionnaires. Le travail réalisé autour des entretiens d’autoconfrontation simple avec les enseignants de musique, les professeurs des écoles et les parents d’élèves, lors de la première phase, a permis, à la suite des transcriptions réalisées, de faire émerger des données qui ont impacté le mode d’enseignement des professeurs. Notre communication, inscrite dans le pôle 1 de ce colloque, se propose de livrer des résultats aussi bien qualitatifs que quantitatifssur cette recherche participative. L’analyse des données et les comptes rendus d’étapes font émerger des prises de conscience portant sur l'activité d’enseignement des professeurs, sur l’organisation de leur milieu de travail, et des tensions entre une épistémologie pratique des enseignants et ce que révèlent les interactions entre pairs au sein de la classe. Si cette recherche participative a permis au collectif de mieux comprendre la nature, les fonctions et l’impact des interactions entre pairs, elle a aussi fait surgir les limites de l’action liées aux contraintes institutionnels et les points de tension sur la compréhension des finalités de la recherche participative.