Les Chinois constituent une minorité importante en Indochine, spécialement dans le Sud de la péninsule, en Cochinchine et au Cambodge, où leur nombre dépasse de beaucoup celui des colons français. Leur présence y est ancienne. Ils y ont globalement bénéficié d’un statut privilégié pour des raisons qui tiennent à la proximité géographique et culturelle, mais aussi à leur poids économique. La colonisation ne remet pas en cause ce schéma, du moins tel qu’on pouvait l’observer au Vietnam. Elle le conforte tout en l’adaptant aux exigences du conquérant. C’est ainsi que le mode de contrôle social représenté par les bang, apparus sous les Nguyen, est perfectionné et étendu sous le nom de « congrégations ». De la même manière, l’assimilation des immigrants chinois aux indigènes leur garantit une forme de continuité juridique de nature à les satisfaire. Dans les faits, cette politique est loin cependant d’emporter leur adhésion. On lui reproche d’obéir essentiellement à des considérations sécuritaires, financières et discriminatoires. D’où, à l’heure de la renégociation des traités inégaux, l’avancée relative opérée par les accords de Nankin, signés en 1930 et ratifiés en 1935, qui mettent fin à l’assimilation des Chinois aux Indochinois, sans pour autant renverser un système coercitif maintenu du reste par les Vietnamiens (non communistes) après leur accession à l’indépendance.