Tout au long du Pléistocène moyen, la présence du biface dans les industries nous permet, de fait, de parler d’un phénomène bifacial. Néanmoins, cette réalité archéologique masque une grande diversité de réalités anthropologiques. L’Europe méridionale semble être dans une situation particulière quoique difficilement définissable. Bien que l’on observe la singularité du phénomène bifacial dans cette région, son interprétation nous échappe. Dans le sud-ouest de la France, le site de Barbas (Dordogne) offre une séquence archéologique d’industries bifaciales du Pléistocène moyen. Les fouilles de Jean Guichard (1965 à 1968) puis celles des secteurs de Barbas I, II et III sous la direction d’Eric Boëda, de 1988 à 1997, nous permettent de présenter ici cette séquence archéologique originale. Se succèdent quatre ensembles archéologiques, s’insérant tous dans le Pléistocène moyen d’après les datations disponibles pour deux des ensembles dont le plus récent. De bas en haut nous décrivons un premier ensemble à bifaces associé à un débitage Levallois récurrent unipolaire, suivi d’un ensemble d’Acheuléen méridional, avec une très forte représentation de trifaces et quelques rares bifaces. Il s’ensuit la dernière couche archéologique composée d’un très grand nombre de biface associés à une production de petits éclats Kombewa. Cette dernière couche est contemporaine des premières industries du Moustérien ancien telle que celle de Vaufrey (Dordogne). Seule séquence acheuléenne du sud-ouest de la France présentant une telle diversité, ses industries se distinguent nettement de celles du nord de la France et du Sud-Est. Ces données montrent qu’à côté du biface sur lequel l’attention se focalise nous avons laissé dans l’ombre toute une gamme de produits de la boîte à outils de ces populations qui, loin d’être homogène, témoigne d’une forte altérité.