Ce chapitre présente trois parties. Dans une première partie, pour les besoins de la discussion et afin de rappeler ce dont il est question dans les grandes lignes, je propose une présentation succincte des théorèmes de 1931. Les parties deuxième et troisième de ce chapitre se consacrent ensuite aux conflits des interprétations et des usages, c’est-à-dire aux arguments gödeliens eux-mêmes, dans leur variété. La deuxième partie présente ce conflit dans le contexte de la philosophie francophone. Elle tend à montrer que les théorèmes de Gödel ont été utilisés tantôt pour montrer l’autonomie de la conscience vécue par rapport à ses objectivations en termes d’objets mathématiques, tantôt, au contraire, pour montrer que la philosophie des mathématiques et, par extension de la connaissance, devait insister non plus sur le foyer de la conscience mais plutôt sur un « faire » mathématique fondamental, premier, censé devancer la distinction ultérieure ente le sujet et l’objet. La troisième partie présente un échantillon de l’éventail des interprétations dans le monde anglophone, cette fois-ci. Il y est question non plus d’opposer littéralement une philosophie de la conscience à une philosophie du faire, mais plutôt d’abord une interprétation mécaniciste à une interprétation anti-mécaniciste en philosophie de l’esprit, puis, plus largement une thèse sceptique à une thèse agnostique en philosophie de la connaissance.