Alors qu’Emmanuel Carrère semblait s’éloigner progressivement du cinéma, son dernier récit retrouve l’écrivain en costume de scénariste, retraçant en une fresque somptueusement colorée son rapport intime à la naissance du Christianisme. Assez ironiquement entamé par une fausse-entrée (la déception consécutive à son départ de la série Les Revenants), le récit confronte au vertige angoissant de la Foi et des innombrables sources de ces mosaïques scripturales que sont les Évangiles. Logiquement, les allusions aux films et imageries picturales classiques que l’Antiquité et le Christianisme s’y pressent. Toutefois, la référence au genre Fantastique en général – souvent cinématographique – permet à Carrère de désacraliser et d’expliciter le fascinant pouvoir de renversement du christianisme et de mettre en scène les problématiques qu’induisent la croyance et l’immersion fictionnelle. Rendu plus accessible par un travail de scénarisation le sacré du « Nouveau Testament » est envisagé selon un double rapport de scénarisation : celui qui concerne les apôtres ou les témoins de leurs actes, mais aussi celui de Carrère lui-même à ce grand canevas culturel.