La population française compte 65 millions d’habitants en 2018 (contre 40 millions en 1945). 20% des Français ont plus de 65 ans en 2018 (contre 11% en 1945). La pyramide des âges s’est transformée en toupie en raison du vieillissement de la population et du nombre plus faible de naissances. L’espérance de vie ne progresse plus que faiblement depuis quelques années. Plusieurs raisons rendent compte de ce phénomène : la diminution des taux de mortalité à la naissance et de maladie infectieuse, la prise en charge plus efficace des maladies cardiovasculaires et des cancers. L’espérance de vie en bonne santé décroit. A 63/64 ans, 50% des personnes souffrent de maladies chroniques. Cette épidémie de maladies chroniques non transmissible est associée aux comportements trop sédentaires, inactifs et à l’alimentation déséquilibrée. Vivre longtemps en bonne santé, en étant autonome et mobile est un objectif ambitieux de qualité de vie. En effet être malade, dépendant ou isolé altère beaucoup la qualité de vie. Aujourd’hui, les attentes en matière de e-santé sont fortes : la e-santé apparait comme un moyen supplémentaire de prévention et de traitement des pathologies chroniques non transmissibles : aide au diagnostic, à l’éducation thérapeutique et au maintien d’une bonne qualité de vie. La recherche s’est emparée des objets connectés pour évaluer les comportements et tester des interventions. En effet ces outils apparaissent utiles pour personnaliser les interventions auprès d’un grand nombre de sujets en temps réel. Les enjeux scientifiques de l’Unité de Nutrition humaine de l’INRA sont d’abord d’évaluer précisément l’impact des comportements d’activité physique, de sédentarité, d’alimentation et des états psychologiques sur des paramètres de santé, puis de prédire les comportements futurs pour préparer des interventions et ainsi prévenir la survenue des maladies chroniques. L’unité de Nutrition Humaine, le chu G Montpied et la société almerys ont collaboré pour développer un dispositif numérique constitué d’une application smartphone de collecte de données (WellBeNet) et d’une plateforme de traitement des données (Activcollector, https://activcollector.clermont.inra.fr/) destinées aux projets de recherche. L’application comprend 3 volets : le 1er pour évaluer l’activité physique et la sédentarité (temps total, la répartition et la dépense énergétique associés à l’immobilité, les activités d’intensité légère, modérée et vigoureuse) ; le second pour évaluer le nombre de portions alimentaires dans 12 catégories d’aliment et l’estimation statistique des apports énergétiques ; le troisième sur les estimations de l’image corporelle, des émotions et des envies de manger et bouger associées à un score d’équilibre émotionnel. Nous avons mis en évidence des comportements d’activité physique et de sédentarité très différents entre des personnes normo pondérales et en surpoids/obèses. Les personnes en surpoids passent plus de 80% du temps éveillé en sédentarité (contre 65% pour les personnes normo pondérées). Au contraire, le temps passé en activité d‘intensité légère est réduit (15% vs 30%). Chez les personnes en surpoids, les périodes de sédentarité et d’activité légère sont peu nombreuses, longues pour les premières et brèves pour les secondes comparées aux profils comportementaux des normo pondéraux. La répartition des apports alimentaires est aussi différente entre les 2 statuts pondéraux. Des proportions plus élevées de consommation en viande/poisson/œuf et en féculents, mais moins élevée en légumes sont observées chez les personnes en surpoids. Concernant le profil émotionnel, des résultats préliminaires montrent que l’intensité des émotions et des envies sont émoussées et moins variables suivant le moment de la journée chez des sujets obèses que chez des normo pondéraux. En conclusion, il reste à déterminer comment ces facteurs comportementaux et psychologiques peuvent nous alerter sur les futurs états de santé des personnes.