Premières lignes : Faire le bilan de l’analyse comparée des politiques publiques n’est pas chose aisée tant cette dernière jouit d’un statut paradoxal, à la fois conçue comme nécessaire, très présente dans les travaux sur l’action publique et, dans le même temps, peu « pensée » par les politistes qui la pratiquent. Indéniablement, l’analyse comparative, en tant que démarche de recherche particulière consistant à regarder simultanément deux ou plusieurs objets ou entités afin de rendre compte et d’expliquer les différences et points communs existant entre eux, a acquis ses lettres de noblesse depuis une vingtaine d’années dans le champ académique de l’analyse des politiques publiques. Si elle a toujours été pratiquée dans l’histoire de la sous-discipline, force est d’admettre qu’elle a pris de plus en plus d’importance avec les années, notamment en France, venant ainsi contredire le constat que faisait Pierre Favre de l’état de la science politique française dans son évaluation de 1996 – une science « à l’écart du monde », franco-centrée et peu comparative