Depuis les années 1990, l’expansion croissante de la méditation mindfulness dans des domaines très variés sous l’impulsion des Etats-Unis en fait une pratique désormais mainstream indissociable de la légitimité qu’elle a acquise comme pratique laïque et comme outil thérapeutique. Le processus de sécularisation dont elle résulte relève de la conjonction de mouvements transnationaux dans la deuxième moitié du 19ème siècle : l’émergence de la méditation de masse en Asie à l’initiative de moines birmans, ainsi que l’imbrication entre philosophie, religion et science caractéristique des mouvements spiritualistes nés en Nouvelle-Angleterre. C’est dans ce sillage que se situe la fascination pour les pratiques méditatives orientales dans la deuxième moitié du 20e siècle. Le nouvel élan que Jon Kabat-Zinn a donné à la méditation marque non pas l’émergence de la méditation laïque et thérapeutique, mais son retour sur la scène publique par la voie clinique. D’une pratique méditative, on passe à un protocole scientifique mobilisé comme gage de respectabilité par tous les pratiquants de la mindfulness, quel que soit leur positionnement.