L'enthousiasme pour les réalisations et les promesses de la science et de la technique et les inquiétudes qu'elles soulèvent accompagnent leur développement depuis le 19e siècle. La science-fiction est un des lieux où s’exprime et se travaille cette tension entre espoirs et craintes, entre utopies et catastrophes, au cœur du désir de maîtrise et des représentations du progrès. Les textes réunis ici sont le fruit d’une rencontre interdisciplinaire, et s’intéressent à des œuvres ou des auteurs de science-fiction précurseurs (Bulwer-Lytton ou Metropolis) aussi bien que contemporains (F. Schätzing ou les films Alien et Predator, par exemple). Ils interrogent le traitement de la catastrophe, entre mise en garde et célébration de la puissance réelle ou fantasmée de la science et de la technique, au service de rêves de domination qui sont loin d’être le propre de la modernité. Ceux-ci nourrissent visions utopiques et craintes apocalyptiques, volontiers incarnées dans le thème récurrent de la rivalité entre l’homme et la machine. La popularité des films et romans SF confère un poids particulier à la question des enjeux de leur réception. Divertissement facile ou jeu subversif avec le virtuel, la science-fiction semble être le genre par excellence de la rencontre entre littérature et sciences. On trouvera ici l’idée que c’est plutôt de disjonction entre les « deux cultures » qu’une société a besoin, si elle veut pouvoir se défendre contre la tentation totalitaire.