Dynamique de la contamination métallique d’origine anthropique dans un hydrosystème méditerranéen rural
Résumé
Parmi les changements globaux affectant les hydrosystèmes cultivés et naturels, les
changements liés aux activités anthropiques peuvent être considérables, tant sur le régime que
sur la qualité des ressources en eau et en sols.
Depuis 2005, l’analyse des mécanismes d’évolution à moyen et long terme de la qualité des
eaux en réponse à un changement de pression polluante par les xénobiotiques organiques, les
métaux et métalloïdes utilisés en agriculture est menée sur le bassin viticole de Roujan
(Hérault), en contexte hydro-climatique méditerranéen. La détermination des métaux
(principalement fer, cuivre et zinc) et des métalloïdes (arsenic) en lien avec la viticulture
(application de Cu, As et autres pesticides à base de métaux) est réalisée à partir des suivis
réguliers des teneurs dans les sols et des concentrations dans la phase dissoute et la phase
particulaire des précipitations, des eaux de surface et souterraines du bassin.
Les résultats montrent que les eaux de ruissellement (matériel dissous et particulaire) présentent
des concentrations élevées en cuivre et en arsenic, supérieures aux normes de qualité des eaux.
Elles constituent une source non négligeable de métaux toxiques apportés aux sols, au réseau
hydrographique et même parfois aux eaux souterraines par infiltration dans les fossés. Les
observations à long terme montrent une mobilisation continue de Cu et une persistance de la
présence d’arsenic dans les eaux du bassin, malgré l’arrêt de l’utilisation des produits arséniés
en 2001. La signature isotopique du cuivre (65Cu/63Cu) a été déterminée dans les précipitations,
les eaux de ruissellement (dissous et particulaire), eaux souterraines, sols et intrants pour mieux
contraindre l’origine du cuivre et différencier les apports anthropiques du fond géochimique
naturel.
L’importante base de données météorologiques, hydrologiques et géochimiques constituée doit
permettre l’observation détaillée de la dynamique des éléments toxiques, qu’elle soit
saisonnière, annuelle ou à plus long terme en relation avec les conditions hydrologiques
observées et des processus mis en jeu. L’influence conjoncturelle des apports agricoles vis-àvis de la contamination chronique des sols et/ou au fond géochimique naturel devrait pouvoir
être quantifiée.