Nevers, une cité révélée par ses comptes
Résumé
L’objet de la présente communication porte sur la ville de Nevers entre 1432 et 1436 à travers cinq comptes successifs (CC 34 à 37), organisés et tenus par un seul et même receveur. Comment une « bonne ville » d’importance moyenne réagissait-elle face à la guerre, tiraillée entre deux fidélités, celle de son prince et celle de son roi, c’est ce que nous allons essayer de voir. Nous consacrerons d’abord notre étude à la présentation et à l’organisation du compte, dont les modalités exigeaient que fut rendu « bon et loyal compte et reliqua ès habitants de la dicte ville » par le receveur, ici Jean de Troncey.Nous verrons ensuite que la population a réagi face à la guerre et à l’attente de la paix de 1435 en finançant des dépenses édilitaires, des hommes d’armes au service du comte et la surveillance de la cité. Autant d’entreprises, nécessairement très coûteuses pour les finances communes, qui rendent parfaitement compte des activités des hommes sur le plan professionnel mais aussi de leurs attentes et de leur espoir d’une paix prochaine dont Dieu était l’unique garant.Enfin, nous achèverons ce bref « panorama » nivernais par l’étude de la société et du « petit monde » des gens de métier qui se mit au service du « bien public ». Hommes de bras, maçons, chauliers, serruriers... Tous contribuèrent fébrilement à préparer la cité au pire pour mieux l’en préserver. À ce titre, le rôle des charpentiers est tout à fait révélateur. L’entretien des ponts et des moulins suspendus requérait savoir-faire et technicité que même les meilleurs ne possédaient pas encore, et qu’ils sont allés chercher ailleurs, envoyant un de leurs représentants à Auxonne solliciter l’avis de confrères plus expérimentés. Cet exemple est révélateur, nous semble-t-il, de la solidarité professionnelle des gens de métiers mais aussi de la circulation rapide des nouvelles et de l’information dans les années 1430