Alors qu’au moment de la scission, la CGTU avait maintenu une Commission centrale féminine (CCF), à l’inverse de la CGT qui se contenta d’une déléguée nationale à la propagande féminine, la structure se voit rapidement déstabilisée par la valse - volontaire ou non - de ses responsables (Marie Guillot, Lucie Colliard, Alice Brisset). De plus, avec la bolchévisation (1924) puis l’affirmation de la ligne « classe contre classe » en 1929, la seconde moitié des années 20 s’accompagne de l’éviction des représentantes féminines à la Commission exécutive (Yvonne Clavel, Marie Orlianges, Lucie Colliard, Alice Brisset, Marie Bréant). Elimination des « passagères » , sectarisme et chute des effectifs, peuvent donc résumer la situation des femmes à la CGTU en ce début de 1930. Pourtant malgré la crise économique, la main d’œuvre féminine représente plus d’un tiers de la population active durant notre période d’étude et ne peut à ce titre être considérée comme une fraction négligeable du salariat. Quelles stratégies d’organisation sont alors mises en place par la CGTU et par les militantes Unitaires ? Quelles places ces femmes occupent-elles au sein de la CGTU ? Enfin doit-on parler de singularité ou de gémellité du militantisme Unitaire féminin avec celui de la sphère communiste ? Notre démarche se propose ainsi d’interroger l’engagement de ces militantes à travers l’étude de leurs responsabilités (extra)syndicales, l’analyse des revendications relatives à la main d’œuvre féminine et des modalités d’action et d’organisation qui les accompagnent, ainsi que par la restitution de trajectoires individuelles et collectives.